Avec le temps et sans porter attention, je crois que nous sommes voués à oublier.
Elsie Reford a fait une étude de commémoration. Peu de temps après la fin des hostilités, elle entreprit un pèlerinage sur les champs de bataille en France et dans les villes délabrées de la Belgique. C’était sa façon d’honorer la mémoire des hommes qu’elle a connus et qui ne sont pas revenus. Son fils Bruce a été blessé, mais il fut parmi les chanceux qui survécurent.
Elsie entretenait ses souvenirs de la même manière qu’elle prenait soin de son jardin. Elle conserva ses correspondances de guerre durant toute sa vie, en souvenir d’un monde perdu.
– Viveka Melki
Elsie Reford (1872-1967)
Elsie Reford était l’une des femmes les plus dominantes de sa génération. Au début des années 1900, elle mit à profit ses compétences et ses aptitudes en organisation afin d’améliorer les hôpitaux et les aires de jeux de Montréal. En 1907, avec l’aide de Julia Drummond, elle fonda le Cercle canadien des femmes de Montréal. Ce club avait pour but de donner l’occasion aux femmes de participer aux débats publics et politiques et de rassembler les femmes montréalaises divisées par la langue, la géographie, la politique et la religion.
Elsie Reford passa une grande partie de la guerre en Angleterre. Elle voulait être près de son fils aîné Bruce, qui quitta l’université au début de la guerre pour joindre les rangs de l’armée britannique. Il fut blessé au combat, mais il survécut. Il appréciait tellement la vie militaire qu’il conserva son statut de soldat et demeura en service jusqu’en 1946. À Londres, pendant la guerre, Elsie Reford offrit ses services à la Croix-Rouge canadienne et au War Office, mettant à profit ses connaissances de l’allemand pour traduire vers l’anglais des documents de l’état-major général. À son retour au Canada, en 1916, alors qu’elle était profondément touchée par la guerre et par ce qui se passait en Grande-Bretagne, elle prononça des discours au Cercle canadien des femmes de Montréal et à Ottawa. À chaque occasion, elle soulignait les efforts extraordinaires réalisés par le peuple britannique et la nécessité de la conscription. Elle appelait les Canadiens à se mobiliser en ce sens. Le débat dura deux ans.
La Première Guerre mondiale était une histoire de famille. L’agence maritime de son mari, la Compagnie Robert Reford, transportait les troupes, les chevaux, les munitions et les équipements, du port de Montréal jusqu’au Royaume-Uni et jusqu’à l’armée impériale russe. Son cousin, George Stephen Cantlie, était le commandant du Black Watch de Montréal. Son frère, Frank Meighen, était un personnage clé dans le recrutement d’hommes pour joindre l’effort de guerre en tant que commandant du Régiment royal de Montréal. Son beau-frère, le Dr Lewis Reford, était le chirurgien qui a amputé la jambe de Georges Vanier à l’Hôpital général canadien no 3 (McGill). Un autre beau-frère, William Hew Clark-Kennedy, était l’un des 71 Canadiens à avoir reçu la Croix de Victoria pour bravoure durant la guerre. Son cousin, Arthur Meighen, était l’architecte de la Loi sur le service militaire de 1917, qui a amené la conscription pour les hommes âgés de 20 à 45 ans.
Après la fin de la guerre, Elsie Reford continua d’être active en politique et dans les causes sociales. Dans les années 1920, elle se tourna vers le jardinage et commença la transformation de son camp de pêche de la rivière Mitis en un paradis intime, exposant sa collection unique de trésors horticoles. Elle décéda en 1967, elle avait 95 ans.
Pour en apprendre davantage sur Elsie Reford :
Elsie Reford fait l’objet de plusieurs livres d’Alexander Reford, Les Jardins de Métis – Le paradis d’Elsie Reford (2004) et Les belles de Métis – L’héritage floral d’Elsie Reford (2006); d’une biographie d’Hélène Jasmin, Elsie Reford – La grande dame des Jardins de Métis (2015); d’articles de l’historienne Karine Hébert; et de documentaires : Ideas, sur CBC, et Aujourd’hui l’histoire, à Radio-Canada.
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Cristal optique
« Un couple édouardien visite la tombe de son fils après la guerre et le passage du temps fait s’évanouir son souvenir alors que les myosotis serpentent autour des silhouettes.»
– Mark Raynes Roberts
Mémoire olfactive
« L’heure bleue fait ressurgir la mémoire du passé, que sublime un parfum de fleurs de lys exacerbées. Un refuge du temps qui s’écrit. »
– Alexandra Bachand
Elsie Reford (1872-1967)
« Elsie Reford était l’une des femmes les plus dominantes de sa génération. Au début des années 1900, elle mit à profit ses compétences et ses aptitudes en organisation afin d’améliorer les hôpitaux et les aires de jeux de Montréal. En 1907, avec l’aide de Julia Drummond, elle fonda le Club canadien pour femmes de Montréal. »
– Alexander Reford
Lettre de Cantlie
Approche Botanique
Enjeux de conservation des spécimens botaniques de George Stephen Cantlie à être présentés dans l’exposition Fleurs d’armes
Expertise contractuelle de Céline Arseneault, botaniste et archiviste (botaniste à la retraite et bibliothécaire au Jardin botanique de Montréal) mai 2016.
Évaluation de l’état de conservation
- Les échantillons de fleurs séchées ont été conservés, pressés dans les lettres/papiers/enveloppes originaux pendant près de 100 ans, à l’exception d’une enveloppe contenant une fleur.
- Certaines fleurs avaient des morceaux de tissus ou de textiles collés à elles.
- Certaines fleurs avaient déteint ou laissé des traces sur les papiers.
- Les fleurs étaient sèches, friables et dans certains cas, très fragiles et brisées en morceaux (ceux-ci étaient contenus dans le papier et dans les enveloppes).
- Certaines enveloppes contenaient plus d’un échantillon et plus d’une espèce végétale.
- Les fleurs détiennent une valeur historique, mais aucune valeur de biodiversité en tant qu’herbier scientifique parce qu’elles n’ont pas été documentées comme telles.
- L’identification botanique a été réalisée conformément aux informations contenues dans les lettres (dates, lieux) et avec le matériel disponible (surtout des fleurs, les couleurs, quelques feuilles) pour l’identification provisoire du genre scientifique.
- Les fleurs ont une signification historique dans le contexte des archives de Cantlie, dans le cadre de la correspondance adressée principalement à sa fille Celia (ou exceptionnellement à sa femme ou à ses autres filles). Elles sont considérées comme «objets» inclus dans les Règles de description des documents d’archives par le Conseil canadien des archives: http://www.cdncouncilarchives.ca/RAD/RAD_Chapter11_Dec2002.pdf
- Le but principal de la présente évaluation était d’éviter l’altération de l’intégrité de ces objets.
- Les documents, les lettres et les enveloppes qui les accompagnent apportent une valeur significative importante (dates, en-têtes, timbres postaux, annotations, écritures, etc.) aux objets. Voir le lien ci-dessus.
Projet original pour l’exposition: inclusion de fleurs en pastilles de résine
- La proposition d’exposition initiale comprenait des fleurs contenues dans la résine polymère transparente (sous forme de pastilles) où chacune était temporairement encastrée dans une sculpture de cristal à des fins d’affichage.
Problèmes de conservation liés à la résine acrylique
- L’acrylique transparent et la résine de type polymère peuvent être utilisés de façon efficace pour les spécimens botaniques frais, toutefois: Les spécimens botaniques séchés sont organiques et fragiles. La friabilité augmente avec la sécheresse, l’âge et la manipulation. Le taux d’humidité et les changements dans l’environnement peuvent engendrer la détérioration par les moisissures, les acariens ou d’autres façons. Les pigments plus anciens et les spécimens botaniques euxmêmes sont aussi très sensibles à la chaleur et à la lumière. https://www.nps.gov/museum/publications/conserveogram/01‐03.pdf – http://conservation.myspecies.info/node/35
- Ce procédé de conservation des fleurs avec l’acrylique implique un processus de chauffage qui crée de l’énergie statique et de l’énergie thermique. L’énergie statique augmente la fragilité et le risque pour les spécimens d’exploser dans la résine.
- En raison de leur valeur historique, aucun des spécimens n’a pu être utilisé pour expérimentation afin de valider l’énoncé précédent.
- À ce stade, où les fleurs ont déjà été soumises au changement de couleur avec le temps, nous pouvons supposer que le recouvrement par polymère accélérerait la décoloration des fleurs.
- Aucune étude n’est disponible au sujet de la conservation à long terme (décoloration, détérioration) de la résine acrylique.
- Ce type de recouvrement n’est généralement pas conseillé pour les archives ou pour la conservation historique, car il modifie les spécimens.
- Ce type de recouvrement n’est PAS recommandé dans la littérature de la conservation pour le matériel organique plus vieux comme les spécimens botaniques et le papyrus (références disponibles sur demande)
- Pour ces raisons et considérant la détérioration éventuelle des spécimens, le recouvrement par résine acrylique n’était pas recommandé pour les fleurs de Cantlie.
Problèmes de conservation concernant le recouvrement entre deux panneaux de verre
- Même pressées, les fleurs séchées ont une épaisseur et certaines plus que d’autres. Cela fait en sorte qu’elles ne peuvent être enfermées facilement entre deux panneaux de verre (ou d’acrylique) avec un cadre, particulièrement en raison de leur fragilité mais aussi pour des questions pratiques et d’esthétique (par exemple, le type de colle transparente utilisée sur le verre, le type de cadre, etc.)
Le montage
- Tel que mentionné plus haut, les fleurs séchées vues comme des objets n’ont pas de valeur historique significative lorsqu’elles sont séparées des archives et des documents les accompagnant. La conservation d’archives vise à préserver toutes les parties d’un élément (ou un dossier historique).
- Produire une série de spécimens botaniques dans des cadres individuels viendrait à l’encontre de la conservation d’archives.
- Le montage flottant inclut un papier non acide texturé et blanc cassé.
- La colle de polymère stable pour l’archivage a été recommandée par l’Herbarium Marie-Victorin de l’Université de Montréal pour être utilisée sur les fleurs et nous l’utilisons également pour les documents.
- Après avoir étudié les exigences de transport de l’exposition et afin de minimiser le reflet et d’assurer une vue sans éblouissement, le cadre en acrylique de haute qualité recommandé par le musée, dans un acrylique antiéblouissement finition mate, a été utilisé à la place du verre.
- Les configurations préalables ont été réalisées par Céline Arseneault et Viveka Melki au printemps 2016 et chacune a été documentée : l’identification botanique, les mesures et le texte de description de chaque dossier inclus dans une description préliminaire des archives de Cantlie.
- 17 dispositions finales (incluant 19 morceaux) ont été encadrées par un encadreur d’expérience à « Au Coin des Artistes » à Montréal sous la supervision de Céline Arseneault pour l’objet de la conservation et afin de constituer la raison d’être principale de l’exposition Fleurs d’armes.